Lionel Beauxis répond présent

Arrivé en provenance du Stade Toulousain cet été, Lionel Beauxis entrait dans la liste des « paris » de Laurent Mati, comptant sur son esprit revanchard et sa capacité de rebondir en Top 14. Car à Toulouse, le demi d’ouverture qui avait connu l’équipe de France il y a quelques années, était pris en grippe par un public et une sphère rugbystique désireux de se trouver un bouc émissaire ou une tête de turc. Parce qu’il en faut toujours un. C’est dans cet état d’esprit, avec un manque de compétition et quelques kilos en trop que Lionel arrive, sur la pointe des pieds, à l’Union Bordeaux Bègles. Des kilos qu’il perdit rapidement au cours de la préparation physique (voir la photo ci-dessous), revenant ainsi à un bon poids de forme et se donnant toutes les chances de bien démarrer sa saison.

 

 

Raphaël Ibanez et Lionel Beauxis

 

 

Si Lionel arrive sur la pointe des pieds c’est bien sur vis-à-vis de ses performances récentes et passées, entachées par de nombreuses blessures, mais aussi et surtout car cela fait partie de son caractère. Discret, préférant le terrain vert plutôt que le médiatique, il est d’abord tombé dans un environnement « qui lui correspond plus » comme il le confiait lui-même. Un club plus à son image, en raccord à ses valeurs, tout en ayant l’ambition d’avancer par le jeu. C’est bien la notion de « plaisir » que Lionel a envie de retrouver après plusieurs années de galère.

 

Conscient qu’il serait face à Pierre Bernard, c’est dans la peau d’un numéro 2 qu’il démarre cette saison, tout en ayant le discours des coaches allant dans le sens de la « saine concurrence », comme à tous les postes. Son premier match officiel sera ainsi face au LOU, la première journée, où il rentra à la 62ème minute. Une pénalité manquée trois minutes plus tard aux 35 mètres, puis deux réussies avant la fin de la rencontre, mettant à l’abri son équipe et assurant ainsi une première victoire à domicile. Déjà décisif.

 

En parallèle, l’on apprend par des propos de Raphaël Ibañez, que ce dernier se laissait le temps – sous-entendu si Beauxis n’arrivait pas à retrouver son niveau – de « lui rentrer dedans […] Je vais tout faire pour l’aider. Ça va dépendre de lui, de son engagement […] je vais me donner un peu de temps avec lui, je ne veux pas le bousculer ». Le manager de l’UBB ne s’en est pas encore donné la peine et pour cause, son joueur réalise une excellente entame de saison. Quelque peu dans l’ombre de Pierre Bernard, titulaire indiscutable à son poste, il est dans le rôle que lui a donné son supérieur en se « challengeant » avec son principal concurrent, pour que les deux hissent en permanence leur niveau de jeu.

 

 

BeauxisLlaRochelle2

 

 

Lionel joue « sans pression », faisant profiter ses coéquipiers de son expérience et avançant un peu moins sous le feu des projecteurs, mais surement. C’est à la 70ème minute qu’il rentra dans cette rencontre à l’extérieur, à La Rochelle, qui promettait l’enfer au club bordelais. Lionel répondit présent deux minutes plus tard en passant un premier coup de pied (72ème), en trouvant une bonne touche aux 20 mètres (73ème), en transformant à la 77ème, puis en offrant la victoire à son équipe lors de la dernière minute du temps réglementaire. Tout en sérénité, mais en laissant exploser sa joie sur le coup de sifflet final. Décisif et rapportant quatre points, il conclura au micro de Canal « Ça a été difficile puisqu’on a fait tomber beaucoup de ballons. Du coup ça nous a gardés sous pression avec le public qui gueulait derrière. On les a pris à leur propre jeu si on peut dire. C’est une belle victoire pour nous ».

 

Parfaitement intégré, souriant, bien dans ses baskets et réussissant ses entrées, Lionel Beauxis semble déjà être passé du statut de « pari » à celui de « joker de luxe ». De quoi satisfaire tout un club, dirigeants comme supporters. Prends garde à toi, Pierre Bernard !