Guiry : « Cette décision me fait grandir »

Bertrand Guiry est arrivé cet été à l’Union Bordeaux-Bègles, en provenance de l’Union Sportive Arlequins Perpignan-Roussillon, son club de toujours. Champion de France en 2009 avec l’USAP, il avait été désigné capitaine la saison dernière (qu’il manquera en grande partie en raison de blessures au mollet). C’est pour se sortir de son confort et se mettre en danger, pour progresser aussi, que le troisième ligne décida de quitter un club où il avait des responsabilités, pour retrouver un club voulant terminer dans le Top 6 en fin de saison. Discret dans les médias, Bertrand nous a tout de même accordé de son temps pour une interview. Nous en profitons pour le remercier et l’encourager car la saison ne fait que commencer, et nul doute que son expérience apportera au club qu’est le notre, et aussi le sien à présent.

 

 

Après six saisons à Perpignan en étant capitaine, la décision de partir a-t-elle été difficile à prendre ?

Oui, la décision a été difficile à prendre. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir fait ce choix, je sens que cette décision me fait grandir et va me permettre de devenir un meilleur joueur qu’auparavant.

 

Comment s’est passée ton intégration au club ? Arriver avec deux autres joueurs de Perpignan l’a-t-elle facilité ?

Partir de l’USAP a été difficile d’un point de vue affectif, parce que je fonctionne beaucoup comme ça, donc le fait d’arriver avec deux anciens partenaires, qui plus est deux mecs que j’apprécie beaucoup, a été positif pour moi. Mon intégration se passe bien, j’apprends tous les jours à connaître mes partenaires, et c’est agréable de voir que le courant passe de mieux en mieux avec ses nouveaux coéquipiers, c’est très important .

 

Estimes-tu maintenant être complètement adapté au groupe et au jeu de l’UBB ?

Sur l’aspect physique, j’ai eu besoin d’un peu plus de temps, la façon de bosser ici est différente de ce que j’ai connu jusqu’à présent. Je ne peux pas être satisfait de mon début de saison. La première chose c’est de se sentir au top physiquement, ensuite tu reprends la confiance et tu es beaucoup plus performant. Il m’a fallu un peu de temps pour digérer la charge de travail quotidienne, en particulier suite à une déchirure du mollet qui m’a empêché de jouer pendant près de six mois la saison dernière. Pendant les congés de novembre, j’ai travaillé toute la semaine avec un kiné sur des faiblesses liées à cette ancienne blessure et depuis que nous avons repris l’entrainement, je me sens beaucoup mieux. J’espère que ça se ressentira dans mon jeu. Sur l’aspect sportif, les schémas de jeu, les combinaisons, ça va.

 

 

Bertrand Guiry

 

 

Au mois d’août tu déclarais à Rugbyrama « Sur l’aspect défensif, c’est différent, Joe Worsley voit les choses un peu différemment. Ça nous sort de nos habitudes, on découvre d’autres visions du rugby ». En quoi cela est-il différent de ce que tu as pu connaître auparavant ?

Joe insiste énormément sur la technique individuelle du placage. Il travaille de façon à ce que certaines attitudes au placage deviennent un réflexe en fonction d’une situation donnée. On ne peut pas toujours défendre de la même façon sur chaque duel, mais à chaque fois tu dois travailler pour être le plus efficace possible. Dans ce que j’avais connu avant, dès le début, on insistait plus sur la défense collective, et je pense que ce n’est pas l’ordre logique de l’apprentissage de la défense, bien que ce soit aussi fondamental.

 

Tu as peu de temps de jeu cette saison (7 matches dont 4 comme titulaire en Top 14 et 2 matches dont 1 comme titulaire en Challenge Cup). N’es-tu pas déçu de ne pas plus jouer ?

Je suis déçu bien sur, j’ai envie de jouer tous les weekends, mais jusqu’à présent il n’y a rien à dire. Les autres joueurs en troisième ligne ont fait de bonnes prestations. Je dois bosser dur, apprendre le plus vite possible et maintenant que physiquement je me sens bien, me lâcher.

 

Tu y avais déjà joué en tant que visiteur mais cette saison tu as joué deux matchs pour l’UBB au stade Chaban. Comment-est ce de jouer devant plus de 25000 personnes ?

C’est génial. Cette ferveur pendant le match est fantastique, elle nous donne le frisson, et nous aide à nous surpasser. J’ai l’impression que ce n’est pas prêt de s’arrêter et c’est une excellente chose.

 

 

Bertrand Guiry

 

 

Contre le Stade Français, tu as été titularisé en 8, un poste peu habituel pour toi. Comment as-tu vécu cette expérience ? L’avais tu préparé de manière spécifique ?

C’était effectivement inhabituel, j’avais fait des secondes parties de match à l’USAP pour dépanner. Mais je m’en sentais capable, et je me suis dit que cette plus grande liberté au poste sur le plan offensif m’aiderait à m’exprimer encore plus. Pour préparer ça, j’ai posé un peu plus de questions à Matthew et j’ai regardé un peu plus de vidéos de numéro 8 sur les matches de cette saison. Dès le jeudi, j’ai travaillé mon positionnement sur les séances collectives. Ça ne s’est pas trop mal passé, les erreurs que j’ai commises n’avaient pas de rapport avec les spécificités du poste de numéro 8.

 

D’après un reportage diffusé sur Canal+, tu es co-capitaine de touche avec Hugh Chalmers. En quoi consiste exactement ton rôle en touche ? Comment vous répartissez vous les rôles avec Hugh ?

Lorsque Louis-Benoit ne joue pas – c’est lui qui annonce en priorité les touches habituellement -, Matthew, Hugh, Jandre, Julien ou moi, on peut être amené à prendre le relais en fonction de la compo d’équipe. Sur ce match, Hugh était l’annonceur prioritaire. Simplement à un moment donné, si j’estime qu’on pouvait améliorer notre efficacité dans ce domaine avec telle ou telle idée, je lui en faisais part, et il décidait.

 

Avec les signatures pour la saison prochaine des troisièmes lignes Loann Goujon et Luke Braid, la concurrence risque de se renforcer encore plus. Cela te fait-il peur ?

C’est une bonne chose pour le club. Je le prends en compte mais « peur » n’est pas le bon terme, il faut savoir gérer la concurrence même si j’ai conscience qu’il faudra être encore plus performant pour prétendre jouer le samedi. Tous les grands clubs français ont une multitude de joueurs de qualité à ce poste. Je reste focalisé sur mes performances, c’est elles principalement qui détermineront si je mérite de jouer, ou pas.

 

Qu’en est-il de ta situation contractuelle ? Il nous semble que tu avais signé un an. As-tu déjà eu des échos du club pour la levée de ta deuxième année en option ?

J’ai signé une saison + une optionnelle. Pour la saison prochaine, rien n’est arrêté pour l’instant. J’ai envie de continuer parce que je me sens bien ici à présent, j’ai pris mes marques. Il faut que je continue de démontrer que je peux apporter encore plus à ce groupe.

 

Une rumeur persistante parle de l’arrivée d’Adam Ashley-Cooper à l’UBB pour la saison prochaine. Qu’est-ce qu’évoque ce joueur pour toi ? Et qu’est-ce qu’une telle arrivée peut représenter pour un club comme l’UBB ?

Chaque année, le recrutement de l’UBB se compose de joueurs avec des renommées de plus en plus importantes. Lui, c’est un joueur de classe mondiale, hyper complet. Ce serait fantastique pour l’équipe, le club, les supporters.

 

 

Un très grand merci à Bertrand pour le temps accordé malgré un planning chargé. Nous espérons qu’il aura prochainement sa chance en Coupe d’Europe, dans la double confrontation face à Lyon.

Bonne suite de saison !

 

Bertrand Guiry