[Interview] Méret : « Une aventure humaine magnifique »

Il est probablement l’un de nos meilleurs espoirs, mais pour grandir, il fallait qu’il joue. C’est dans cette optique que Lucas Méret a été prêté à Bayonne la saison dernière, en Pro D2. S’il manqua la finale Espoirs qui sacra nos joueurs à l’échelon national, notre jeune prêté prit de l’expérience à un niveau nettement supérieur. Il joua la bagatelle de vingt rencontres (dont seize titularisations), découvrant ainsi le haut niveau, mais participant surtout à la montée du club basque qui remporta la finale de Pro D2. L’on pouvait s’attendre à profiter de son potentiel accru la saison prochaine, mais devant la concurrence chez nos professionnels, difficile pour lui d’avoir un temps de jeu conséquent. C’est probablement ça qui le décida à rempiler une saison de plus à Bayonne, mais cette fois-ci, en Top 14. Une manière de progresser tout en étant lié à son club de cœur, l’Union Bordeaux-Bègles. Interview.

 

Quels enseignements as-tu tiré de ce prêt d’une saison à Bayonne ? Comment as-tu vécu cette saison avec 16 titularisations à la clé ?

J’ai vécu ce prêt comme une réelle opportunité de découvrir le monde professionnel. Je ne retiens que du positif de cette première année à Bayonne. Elle m’aura permis de découvrir d’encore plus près les exigences du haut niveau, mais aussi de vivre une aventure humaine magnifique avec un groupe et une ville entière. De plus, j’ai eu la chance de beaucoup jouer cette année. Cela m’aura évidemment permis de progresser, car c’est en jouant qu’on progresse le plus. Ça a été vraiment une belle saison pour moi. De plus, le travail au quotidien avec Vincent (Etcheto) est important dans mon évolution. C’est un ancien demi d’ouverture, qui a le souci de transmettre et c’est forcément très agréable pour un jeune comme moi.

 

Tu n’as malheureusement pas joué les phases finales. N’est-ce pas trop dur de ne plus être dans le groupe au moment décisif ?

Si, c’est forcément difficile car tout le monde a envie de jouer ces matchs-là. Il y avait des choix à faire. C’est aussi comme ça que l’on découvre le monde professionnel. Il faut accepter ces choix-là pour le bien du groupe. J’ai vécu cette montée en tant que spectateur, même si j’étais au bord de la pelouse. Comme à chaque fois que l’on ne joue pas, il y beaucoup de tension. C’est difficile de ne rien pouvoir faire mais bon ça a été beaucoup de joie à la fin car les mecs ont tous fait ce qu’il fallait.

 

Peux-tu nous raconter l’after-titre, ce que les caméras n’ont pas pu filmer ?

Je ne sais pas trop quoi raconter car il s’est passé beaucoup de choses. On a fêté cette montée comme il se doit, tous ensemble pour bien clôturer cette année. C’était vraiment bien. Après, l’un des moments forts, je pense, pour tout monde, au delà du moment après le match et dans les vestiaires, ça restera le retour à Bayonne, avec tous les Bayonnais sur la place de la mairie, qui nous ont attendus pour fêter cette montée avec nous. C’était un moment fort qui restera dans la tête de tout le monde.

 

Vincent Etcheto

 

Vincent Etcheto a dû également savourer cette victoire… Ça a dû être particulier de réussir à monter pour toi et Thibault Lacroix, dès votre première saison avec Vincent ?

Bien sûr que ça a été particulier de monter dès cette première année car c’est Vincent qui est venu nous chercher pour vivre cette aventure avec lui. Ça a été particulier, mais je pense qu’on a tous des histoires différentes dans le groupe. Personne ne pensait, en début d’année monter, et pourtant on a réussi car tout le monde a été dans le même sens.

 

Ton prêt à Bayonne a été prolongé d’une saison. Comment s’est prise cette décision ? Venait-elle de toi ou du club ? Combien d’années de contrat avec l’UBB te reste-t-il ?

La décision a été facile à prendre pour moi. Je sors d’une saison magnifique avec Bayonne, où je me suis vraiment épanoui. Bayonne m’a permis de découvrir le monde professionnel en jouant régulièrement. En plus, il y a cette montée en Top 14. Cela me semblait être dans la continuité des choses de rester à Bayonne pour essayer de donner encore au club pour assurer le maintien en TOP 14. C’est ce dont j’avais envie. La décision a été collective entre le club de Bayonne, l’UBB et moi-même. Je vais donc passer ma dernière année de contrat avec l’UBB en prêt à Bayonne.

 

As-tu toujours l’ambition de t’imposer à l’UBB ? La concurrence semble toujours forte…. Peut-être que cette année en Top 14 te donnera cette chance la saison prochaine ?

Aujourd’hui j’ai surtout l’ambition de jouer et de m’épanouir. Je sais que pour l’année à venir, ça sera à Bayonne. Après, comme je vous l’ai dit, je serai en fin de contrat. On verra à ce moment-là. Mais j’ai d’abord une année à faire à Bayonne. On verra comment elle se passe.

 

Meret photo iconsport
Photo Icon Sport

 

Tu auras la saison prochaine trois autres anciens de l’UBB qui te rejoignent. Cela doit être une satisfaction, tu vas ainsi te sentir encore un peu plus ‘chez toi’ ?

Je suis très content pour eux trois qu’ils viennent à Bayonne car ce sont vraiment des bons mecs. Je ne pense pas que je me sentirai plus chez moi maintenant qu’ils sont là car j’étais déjà vraiment bien ici et comme chez moi. J’espère surtout pour eux, que le groupe et moi-même, on arrivera à ce qu’ils se sentent comme chez eux. Mais il n’y a pas de raisons.

 

Tu as dû certainement suivre le parcours de tes coéquipiers en Espoirs. N’y a t-il pas une petite déception de ne pas avoir été de ce groupe qui a fini Champion de France ?

Oui bien sûr que j’ai suivi leur parcours. Il n’y a pas de déception car ils ont vécu leur aventure et j’ai vécu la mienne. Je suis tout simplement heureux pour eux car je les connais depuis très très longtemps pour la plupart. C’est une belle récompense pour leur investissement quotidien. Ils le méritent et on ne leur a pas donné. Ils ont vraiment été se le chercher. De plus, je pense que l’ensemble des catégories de jeunes ont fait une très belle saison. C’est une belle récompense pour la formation du club et pour l’ensemble des éducateurs qui font du bon boulot.

 

Quel regard portes-tu sur la saison de l’équipe première de l’UBB, qui termine encore une fois à la porte des phases finales ?

Je pense que l’UBB évolue bien. Elle prend le temps. Cette non-qualification restera comme un échec, mais il faut un temps d’adaptation à certaines évolutions dans le style de jeu. Il y a aussi l’arrivée de nouveaux joueurs et le départ ou la fin de carrière d’autres qui ont eu à cœur de passer le témoin à une nouvelle génération. Je veux prendre l’exemple d’Heini Adams vis-à-vis de Baptiste Serin ou bien encore de Matthew Clarkin et Marco Tauleigne. Je pense que l’équipe se met en place et qu’elle jouera rapidement les premiers rôles. Elle a tout pour y arriver.

 

Tu vas donc découvrir le Top 14, qui est un niveau au-dessus. Il y a forcément beaucoup d’envie de démarrer cette nouvelle saison. Un peu d’appréhension aussi ?

Il y a de l’impatience forcément car tous les joueurs français ont envie de pouvoir jouer en Top 14. C’est un championnat très relevé et difficile. Mais, il y a aussi de l’appréhension car ça va me permettre encore une fois de voir si j’ai le niveau pour évoluer à ce niveau-là, et de voir la progression que je dois avoir pour arriver à avoir du temps de jeu régulièrement en Top 14, avec Bayonne.

 

Un très grand merci à Lucas pour le temps qu’il nous a accordés. Nous lui souhaitons une excellente saison avec Bayonne, et souhaitons de tout coeur qu’il nous revienne à son terme. A bientôt Lucas !

 

Lucas MERET

 

Photos Icon Sport et ABrugby