Martini : « Il est temps de franchir un palier »
Nul besoin de le présenter. Frédéric Martini était le premier président de l’Union Bordeaux-Bègles, alors appelé USBCABBG, en 2006-2007. Étant à l’origine et l’un des principaux intervenants de la fusion amenant à l’UBB, Fred se souvient à l’époque avoir été quelque peu malmené. « Certains me targuaient de leur prendre leur identité, mais ce n’était pas but. Le but était d’avoir un grand club à Bordeaux et aujourd’hui, je pense que c’est réussi. Cela restera un grand moment de ma vie » nous confiait-il. Mais aujourd’hui, l’ex Président n’est plus en France, même si l’année dernière il fut de l’aventure du XIII Boën qui ramena le titre de champion de France féminin de Première Division. Oui, Fred n’est jamais loin du rugby, attiré vers lui comme un aimant.
Bonjour Frédéric. Comment vas-tu, et que deviens-tu
aujourd’hui ? Tu dois suivre le rugby de près, encore et
toujours…
Bonjour Romain. J’ai traversé une période compliquée sur le plan
personnel, mais aujourd’hui ça va mieux. Je me suis occupé d’une
équipe féminine l’année dernière, et nous avons ramené le titre de
Champion de France à Bordeaux. Sur le plan personnel, je vis
désormais au Maroc. Je suis toujours les matches, oui. Il m’arrive
d’aller à Lescure une ou deux fois dans la saison quand je suis en
France. Sinon, je suis les matches chez mon ami Hervé Valverde, au
Bistro du Sommelier.
Au club, tus sais, on aime dire que tout le monde a le
sourire, au quotidien. Et c’est vrai qu’en plus du sérieux dans le
travail, il y a sur le terrain et en dehors une excellente
ambiance, un sourire permanent. Était-ce déjà le cas à l’époque
?
Oui, Laurent a gardé tout le staff administratif de l’époque. Il y
avait déjà une bonne ambiance. Puis, avec l’évolution du club et
son statut aujourd’hui, d’autres personnes apportent des
compétences nécessaires à son développement. Sinon, coté joueurs,
il y a une embellie positive. Le staff sportif est sérieux,
appliqué dans ses choix… Et la dynamique autour de l’UBB est
extraordinaire ! Le public répond présent. Il est temps maintenant
de franchir un palier.
Cela fait plusieurs années maintenant que tu suis cette
évolution et celle de Laurent Marti. Toi qui avais cette casquette
de Président, quel regard portes-tu à présent sur l’actuel
Président de l’UBB ?
Laurent est un grand bonhomme. Il connaît bien le rugby et passe
des nuits entières à visionner des matches pour repérer des
joueurs. C’est un chef d’entreprise avisé et un redoutable
négociateur. Nous avons la chance de l’avoir même s’il m’est arrivé
d’être parfois en désaccord avec lui. J’ai beaucoup de respect pour
ce qu’il a fait et ce n’est pas fini !
Tu avais souhaité qu’il soit plus proche des partenaires
à l’époque, parce que c’est un peu le nerf de la guerre. Il a
semble-il bien développé ce secteur aujourd’hui, le budget ayant
considérablement augmenté, malgré l’absence d’un sponsor dit
national.
Les partenaires ont besoin de reconnaissance. Au-delà de la
prestation qui doit être bien évidement de bonne qualité, il faut
animer ce réseau et organiser des échanges à travers des
conférences, créer du lien avec d’autres club français ou
étrangers. Il y a d’ailleurs désormais un directeur commercial qui
fait très bien son boulot. Aujourd’hui, l’UBB a le vent en poupe et
c’est tant mieux. Mais il faut rester les pieds sur terre et ne
rien négliger.
Dans ce domaine, on sait que tu sais y faire. Est-ce
qu’un rôle dans ce secteur, au sein du club, pourrait de nouveau
t’intéresser à l’avenir ?
J’ai vécu de belles choses avec ce club. Il faut savoir tourner la
page. Ma vie est ailleurs aujourd’hui, même si parfois ça me
démange…
L’ambition, à moitié dissimulée, est de figurer dans le
TOP 6. Bien sûr, il est encore légitime pour l’UBB de ne pas
l’annoncer officiellement pour éviter la pression, les déceptions.
Est-ce un objectif réalisable selon toi ?
Oui, cette année doit être celle pour franchir un cap. Il y a les
hommes pour cela, le recrutement a été judicieux. Il faut franchir
ce palier mais il faut rester humble et faire confiance
à Raphaël Ibañez et son staff.
Qu’est ce qui a manqué la saison dernière à l’Union pour
figurer dans ce haut de tableau ?
Il a manqué un ou deux points défensifs prenables, mais c’est comme
ça, c’est le sport de haut niveau. Ils ont effectué une très belle
saison. Mais il faut repartir à zéro dès le 16 août et gagner les
deux premiers matches à domicile.
Quel regard portes-tu sur le recrutement version
2014-2015 ? Il y a aujourd’hui ce que tu réclamais à l’époque, des
« noms », des revanchards, qui viennent compléter une équipe
installée, rodée, qui se connait bien…
C’est vrai, Laurent a su être patient. Il a surtout des joueurs
qu’il a révélés comme Ole Avei, Matuisela Talebula ou Blair Connor,
mais aussi Camille Lopez et bien d’autres. L’arrivée d’un joueur
comme Lionel Beauxis devrait apporter de l’expérience du très haut
niveau.
Tu rêvais il y a quelques années que l’Union puisse
jouer à Chaban Delmas. C’est maintenant chose faite, avec aussi
surement quelques matches la saison suivante dans le Nouveau Stade
de Bordeaux-Lac…
Ce nouveau stade est superbe. Et dès la saison 2015, nous pourrons
jouer pleinement à Lescure. C’est génial pour le public, les
partenaires, toujours plus nombreux chaque année. Ce stade est
l’âme de l’UBB, la preuve, les joueurs n’ont jamais rien lâché
là-bas et disent tous s’y plaire.
On va terminer par un petit pronostic. Comment vois-tu
cette saison pour l’Union ? Un classement final ?
J’espère qu’ils iront le plus loin possible. Il est difficile de
faire un pronostic tant le championnat va être rude et il y aura du
monde au portillon. Je n’ai pas envie de leur porter la poisse.
Alors, ne m’en veux pas (rires). Je ne m’aventure pas à cela cher
Romain (sourire).
On l’aura bien compris, le souhait le plus cher pour Frédéric Martini est de voir l’UBB grandir. Car oui, il est et restera toujours l’un des initiateurs de cette réussite du rugby bordelais, mais aussi l’un des plus grands amoureux de ce sport et de ce club.
Crédit Photo en Une : Sud Ouest