[Interview] Edwards : « En Nouvelle-Zélande, nous n’avons pas de spectateurs qui chantent… »

Plus le temps passe, plus l’UBB semble vouloir recomposer l’équipe d’Auckland. En fait, Laurent Marti doit avoir un œil avisé sur l’une des meilleures équipes de son championnat et c’est ainsi que Joseph Edwards est arrivé il y a quelques semaines en provenance de ce club, en tant que joker « équipe de France », jusqu’à la fin de la saison. Dès cette annonce faite, le néo-troisième ligne de l’UBB s’est montré enthousiaste, et a affiché un sourire à toute épreuve, témoignant certainement de sa satisfaction de rejoindre un club français qui monte d’année en année. Très peu interrogé par la presse depuis son arrivée, nous avons essayé d’en savoir plus sur son acclimatation, lui qui n’est venu qu’avec sa femme en France, et qui en profite pour visiter certaines villes européennes comme ce fut le cas lors de la dernière semaine de repos. Interview.

 

Une semaine avant d’arriver, tu ne cachais pas ta joie de rejoindre l’UBB. Que connaissais-tu de notre club ?

Quelques-uns de mes anciens coéquipiers néo-zélandais jouent pour l’UBB, et même avant qu’il n’y ait un intérêt pour moi, j’avais entendu de très bonnes choses de ce club. Quand j’ai accepté contractuellement d’y venir, j’ai fait des recherches sur la ville et bien sûr l’équipe. L’Union Bordeaux-Bègles est un club en plein essor, qui cherche à réussir. C’était quelque chose dont je voulais faire partie.

 

Depuis que tu es arrivé, tout le monde dit que tu as la joie de vivre et beaucoup d’enthousiasme. C’est ton caractère, ou l’idée de jouer en France ? Ou les deux ?

J’ai toujours été quelqu’un qui aime la vie, qui aime passer du temps avec ma famille et mes amis. Les expériences que m’apportent le rugby, et les gens que je rencontre à travers ce sport, le rendent vraiment agréable et ça m’inspire pour bien jouer.

 

Avec les blessures, tu as dû te mettre rapidement dans le bain au niveau du collectif. Est-ce que ça a été difficile, en peu de temps, d’apprendre toutes les combinaisons de touche et de jeu ?

Comme toute chose nouvelle, il est difficile d’apprendre autant de mouvements et de combinaisons de touche dans un très court laps de temps. J’ai dû faire confiance aux connaissances que j’ai acquises en jouant au rugby au cours des années précédentes, pour m’aider à travers ce processus d’apprentissage. Au cours des dernières semaines, je me suis bien adapté à l’apprentissage de nouvelles combinaisons, même si la langue française a été un challenge supplémentaire. Mais cela m’aide à apprendre le français et avec les répétitions à l’entraînement, je commence vraiment à mieux connaître les combinaisons.

 

Raphaël Ibanez expliquait à ton arrivée que tu étais encore un peu en difficulté au niveau du physique. Quand penses-tu être à 100%, que te manque-t-il ?

Depuis mon arrivée à Bordeaux, j’ai travaillé dur sur ma condition physique, mais aussi sur la puissance. J’ai joué toutes les rencontres depuis que je suis arrivé et cela m’a aidé à m’améliorer au fil des matches, et à comprendre le jeu.

 

Chaban Delmas Bordeaux-Montpellier

 

Tu te montrais vraiment excité à l’idée de découvrir le Stade Chaban Delmas et ses supporters, premier public d’Europe. Comment as-tu vécu cette première contre le Stade Français ?

Pour ce premier match, je n’étais pas nerveux, mais j’étais surtout très excité à l’idée de jouer à Chaban Delmas, devant une foule de passionnés que sont les supporters de l’UBB. En Nouvelle-Zélande, nous n’avons pas de spectateurs qui chantent, et qui se manifestent tout au long d’une rencontre. J’ai trouvé cette atmosphère vraiment motivante. J’ai pu jouer environ vingt minutes, et j’ai vraiment été heureux de cette première avec les couleurs de l’UBB.

 

Tu es venu ici en tant que joker équipe de France, donc jusqu’à la fin de la saison. Mais si l’aventure se passe bien, tu envisagerais de continuer à Bordeaux ?

J’apprécie vraiment le temps que je passe ici à Bordeaux, et faire partie du club de l’UBB est quelqu’un chose que j’aime aussi. Bordeaux est une très belle ville et c’est facile d’y vivre. Il y a un très bon groupe de coéquipiers, ainsi que le staff. Ces derniers font que mon expérience ici me procure beaucoup de plaisir. Ils m’ont tous donné une bonne impression de la culture française et de son rugby.

 

Tu as seulement 23 ans, n’est-ce pas trop dur de quitter son pays pour aller jouer dans un autre, qui plus est assez lointain, à cet âge ?

Pour être honnête, c’est très difficile d’être loin de chez soi. J’aime ma famille et mes amis. J’ai eu du mal, au début, à être loin d’eux et à apprendre à vivre dans un endroit différent de ce que j’ai connu. Je suis chanceux d’avoir ma femme, ici, avec moi, et c’est excitant de le vivre ensemble. Nous voulions vraiment nous engager complètement dans la vie ici, adopter cette nouvelle culture et apprendre la langue ainsi que le mode de vie français. Les joueurs de l’UBB et son staff ont notamment facilité cette transition.

 

Joseph Edwards

 

Pour ton adaptation, tu as très vite été bien entouré notamment de la part d’anciens joueurs d’Auckland. Est-ce un atout pour toi, lorsque l’on quitte son pays pour une toute autre culture ?

Être entouré d’anciens joueurs d’Auckland, avec lesquels j’ai joué pendant quelques années, a été incroyable. Ici, ils m’ont aidé à apprendre les combinaisons, mais aussi comment les choses se passaient en France. Bien évidemment, je leur ai demandé des conseils sur la vie hors-rugby, et cela a rendu mon adaptation et la vie plus facile.

 

Avec Auckland tu as déjà joué aussi bien en 6, 7 ou 8. Quel est ton meilleur poste ou à quel poste préfères-tu jouer ?

Ma meilleure position sur le terrain est 3ème ligne aile côté fermé, parce que j’ai joué de nombreux années à ce poste et je le connais bien. J’apprécie aussi de jouer en tant que numéro 8 parce qu’on a plus les mains sur le ballon et une présence physique sur le terrain. Ma position sur le terrain m’est égal, tant que c’est en 2ème ou 3ème ligne, du moment que je peux contribuer à notre performance sur le terrain.

 

Tu as évolué avec Simon Hickey notamment lors de la dernière Mitre 10 Cup. Comment peux-tu définir son impact à Auckland ? Aussi bien à l’UBB qu’à Auckland, on dit qu’il s’agit d’un joueur majeur et régulier, qui fait du bien à une équipe.

Je joue avec Simon depuis l’âge de 16 ans, et j’ai aussi joué au rugby avec lui à l’école. Simon fait partie de mes bons amis, il est vraiment mature et connait bien le rugby. Il a une confiance dans ses capacités, ce qui encourage les autres joueurs sur le terrain à faire de même. Il était un excellent capitaine à Auckland, il nous dirigeait bien sur le terrain et avait cette facilité à bien parler en dehors. Simon est désormais de retour à l’UBB cette saison et va s’acclimater à l’équipe facilement.

 

Joseph Edwards

 

Tu as déjà joué en Super Rugby et en Mitre 10 Cup. Comment situes-tu le niveau de notre Top 14 par rapport aux compétitions de l’hémisphère sud ? Quelles différences principales vois-tu ?

En France, j’ai remarqué que le rugby était très physique, très orienté vers les avants. On donne beaucoup d’importance au fait d’être physique, mais aussi aux touches et aux mêlées, ce qui est bien pour moi car cela fait partie de mes points forts.

 

Avant d’arriver à l’UBB tu avouais ne parler que très peu français. Ton niveau s’est-il amélioré depuis ton arrivée ?

Avant d’arriver en France, j’avoue que je ne connaissais aucun mot de français. J’ai pris quelques leçons avant de venir ici, qui couvraient les bases. Depuis que je suis là, je commence à prendre quelques mots par-ci par-là et à comprendre un peu ce que les gens disent. A l’entraînement la plupart des choses sont dites en français, donc j’ai dû apprendre rapidement la terminologie du rugby. Les autres joueurs étrangers, qui connaissent plus le français que mo m’ont été très utiles en traduisant quand j’en avais besoin. Dans mon français de tous les jours, je ne suis pas encore à un niveau où je peux avoir une conversation avec quelqu’un, mais je vais continuer à pratiquer la langue et je suis sûr que cela va aller de mieux en mieux avec le temps. Des cours de français hebdomadaires vont aussi m’aider.

 

 

Un très grand merci à Joseph pour le temps qu’il nous a accordé. Nous lui souhaitons une très bonne saison avec l’UBB. A très bientôt ! 🙂