Blair Connor : “Je me rappelle finir les journées d’entraînement où les coachs me disaient qu’il fallait que je fasse 82kg le lendemain. Il fallait que je prenne 2kg dans la nuit”
Invité du podcast réalisé par notre ancien troisième ligne, Hugh Chalmers, Les 7 familles de Chalmers, notre ancien ailier australien, aujourd’hui retraité, Blair Connor, s’est confié sur la période difficile qu’il a connu chez les Reds, au début de sa carrière : “Normalement, la progression en Australie, c’est que tu es dans une sorte de système, un peu comme les Espoirs, avant d’arrêter l’école et tu continues à partir de là. Je n’étais pas dans ce profil, mais je n’ai pas laissé tombé. J’aimais le rugby et je me suis dit que j’allais quand même essayer de donner mon maximum. Je me suis entraîné dur et ma première année après l’école, j’ai été sélectionné dans quelques équipes et en 2006 j’ai signé dans l’académie des Reds. J’ai aussi commencé à jouer au rugby à 7 pour l’Australie. J’ai joué beaucoup de Club Rugby et ça a mis beaucoup de pression sur les Reds qui m’ont signé un vrai contrat. Juste avant la Coupe du Monde des U20 début 2008, j’ai signé mon premier contrat pro avec les Reds. A partir de là, les choses ont changé. Tout était positif jusque là et il y a eu un gros truc dans le rugby australien. J’ai lu un bon article là-dessus, mais je ne me rappelle plus où. Mais l’idée, c’était qu’ils ne voulaient pas signer des joueurs mais plutôt des athlètes. Je ne sais pas si c’est toujours comme ça. C’était il y a 10 ans. Mais c’était du style, tu fais 80kg, il faut que tu en fasse 90 pour être pro. Pendant que j’étais chez les Reds, j’ai eu l’impression que je ne m’inquiétais pas pour le rugby, mais que j’étais trop occupé à essayer de prendre des muscles à la salle de sport. C’était mentalement dur pour moi. Mon père pèse genre 60-65kg. J’ai toujours été costaud, mais c’était très frustrant parce que mon poids ne changeait pas. Je me rappelle finir les journées d’entraînement où les coachs me disaient qu’il fallait que je fasse 82kg le lendemain. Il fallait que je prenne 2kg dans la nuit. Je rentrais, je mangeais comme un fou et sur le parking du club le lendemain matin, je descendais 2l d’eau. J’allais me peser, j’y arrivais, prêt à exploser, mais j’y arrivais. Evidemment j’allais aux toilettes, je m’entraînais, je transpirais. Avec le climat australien, on s’entraîne tôt le matin, mais avec une pause au milieu de la journée et on revient après l’après-midi. Après la session du matin, ils me repesaient et j’avais perdu genre 4kg. Ils me disaient que je devais être au poids du matin quand je revenais à 15h. Je passais mes journées à manger. C’était super dur de faire tout ce travail et voir mon poids qui ne changeait pas. Ils me donnaient l’impression que c’était le point qui pouvait tout changer, que c’était plus important que le rugby. Du coup tout ce que je faisais, c’était de la muscu et manger, sans mettre le focus sur devenir un meilleur joueur de rugby. C’était en 2008-2009 et début 2010. Tout le temps où j’ai été pro en Australie“.