[Interview] Tuwaï : « Être un Fidjien, ce n’est pas quelque chose que l’on acquiert en vieillissant »

    Il s’agit de l’un de nos meilleurs marqueurs d’essais depuis deux saisons avec les Espoirs, lui qui a d’ailleurs été Champion de France la saison dernière avec l’UBB. Eroni Tuwaï est l’un de ces fidjiens qui peut faire basculer un match et qui joue de ses qualités physiques pour faire des différences, notamment la vitesse et cette faculté à résister à ses adversaires. Forcément, c’est dans son sang. De son arrivée, en passant par son ascension à l’UBB et sa relation avec la religion, sans oublier son avenir , voici Eroni Tuwaï. Interview.

     

    Comment es-tu arrivé à l’Union Bordeaux-Bègles ? Connaissais-tu le club avant ton arrivée ? Comment c’est passé ton acclimatation ? Tu es parti jeune de chez toi…

    Je suis arrivé à l’UBB via des essais que j’ai faits quand je suis revenu aux Fidji depuis l’Australie. J’avais pour habitude de regarder le Top 14 pendant que je jouais en Rugby League parce que j’ai pas mal de proches qui y jouent. Et l’UBB m’a donné cette chance et je me suis renseigné auprès de Metuisela Talebula qui y était depuis longtemps.

    C’était difficile au début de laisser toute ma famille derrière. Mais les épreuves que j’ai dû subir aux Fidji m’aident à être meilleur et à faire quelque chose de grand de mes rêves, pour aider ma famille à la maison. Je suis arrivé en même temps que Jone Waqaliva. On se connaissait du lycée et nous venons de la même province. Ça m’a aidé d’avoir quelqu’un que je connaissais.

     

    Avant ton arrivée à l’UBB, tu jouais au rugby à XIII. Est-ce que cela t’apporte quelque chose maintenant à XV ? Pourquoi avoir changé ?

    J’ai toujours aimé les sports avec beaucoup de contacts comme les plaquages et qui nécessitent du jeu de jambes et de la vitesse. Avoir joué à XIII m’aide pour la vitesse, le jeu de jambes et la puissance. J’ai voulu changer parce que j’ai eu une opportunité d’élargir ma carrière. C’était quelque chose que j’ai toujours voulu essayer et j’ai donc été passé ces essais et j’ai été sélectionné.

    Aux Fidji quand on est jeune on joue beaucoup au rugby à toucher, ou à tout ce qui a rapport avec le ballon et les contacts. C’est plus qu’un jeu et nous jouons dès que nous avons un moment de loisir, avec ou sans ballon. On peut même utiliser des noix de coco ou des bouteilles juste pour avoir du plaisir.

     

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    Est-ce qu’on peut dire que les ailiers fidjiens ont quelque chose en plus que les autres ?

    Être un Fidjien, ce n’est pas quelque chose que l’on acquiert en vieillissant. Ce sont des qualités naturelles avec lesquelles on naît et avec lesquelles on grandit, même sans ballon ou sans encadrement ou sans salle de sport et musculation.

     

    Tu en es déjà à de nombreux essais, comme la saison dernière… Tu pointes le ciel systématiquement après en avoir marqué un… Est-ce une forme de croyance ?

    C’est une sorte de remerciement à Dieu, une croyance. C’est pour montrer aux autres que Dieu est toujours le premier dans toutes choses et que c’est avec son aide que nous y arrivons. Pour toute chose, il faut rendre grâce à Dieu. J’ai été élevé dans une famille chrétienne, où Dieu était toujours placé en premier et les talents arrivent après. C’est un don de Dieu.

     

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    Tu joues au même poste et tu as la même nationalité que Metuisela Talebula. C’est un modèle pour toi ?

    Metuisela Telabula est un vrai modèle pour moi. Il m’inspire beaucoup et m’aide à aller de l’avant pour progresser. Il m’a aussi beaucoup aidé pour l’intégration de mes compétences rugbystiques. Je lui en serai toujours reconnaissant d’être mon oncle.

     

    Tu sembles très proche de Peter Saili, ou en tout cas vous sembler avoir le même coiffeur (rires). Comment as-tu vécu sa nouvelle blessure ?

    Quand Peter s’est blessé avec les espoirs, j’étais très triste parce qu’il revenait juste de blessure après sa dernière opération. Et il se blesse au même endroit… Ça m’a fait mal parce que c’est lui aussi un frère des îles auprès, duquel je m’étais renseigné.

     

    Eroni Tuwai

     

    Tu as maintenant 21 ans et tu te rapproches de l’âge où généralement on peut signer professionnel… Est-ce un rêve ?

    C’est ma dernière année de contrat. Je travaille dur pour les opportunités qui sont devant moi. Si j’ai l’opportunité de signer un nouveau contrat ça sera avec plaisir. J’ai toujours rêvé de devenir joueur de rugby professionnel. Actuellement je m’entraîne avec les pros mais je ne sais pas si je vais signer avec l’UBB. Pour le moment je me concentre sur le championnat espoir et remporter le titre. Et j’étudie aussi des opportunités dans d’autres clubs.

     

    Tu as participé à ce titre de Champion de France la saison dernière justement. On imagine que ce restera un merveilleux souvenir, celui de toute une vie ? Cette saison vous êtes bien partis, quel est l’objectif de fin de saison ?

    Je ne sais pas si j’ai eu un rôle prépondérant dans le titre de l’année dernière mais c’est sûrement mon meilleur souvenir à l’UBB en tant que joueur. C’était un travail d’équipe et j’espère que nous serons encore Champion cette saison. Pour l’instant l’équipe est en bonne position après avoir battu l’USAP la semaine dernière (2ème à 1 point de l’USAP, ndlr). C’est un bon signe en vue d’un possible titre et j’attends avec impatience le match de ce week-end (derby contre Bayonne).

    En tout cas ce n’est pas une question de joueurs partis ou de nouveaux joueurs. Tout est basé sur le travail d’équipe et le fait de croire en nous, les uns les autres. Je remercie le staff de nous pousser à devenir une meilleure équipe et j’espère que le meilleur est à venir.

     

    Un très grand merci à Eroni pour le temps qu’il nous a accordé. Nous lui souhaitons de marquer de nombreux essais dès ce week-end à Moga. Pour rappel, nos Espoirs joueront ce dimanche à 15 heures contre Bayonne. Venez nombreux !