Nicolas Depoortere : “Mon corps se mettait sa propre limite pour ne plus revivre un truc comme ça”

Interrogé par L’Équipe, notre trois-quarts centre international Nicolas Depoortere est longuement revenu sur l’épisode marquant de sa fracture du plancher orbital, survenue face à Perpignan en octobre 2024. Une blessure sérieuse, autant sur le plan physique que mental, qui a nécessité un véritable travail introspectif pour lui permettre de retrouver pleinement ses sensations sur le terrain. Avec lucidité et sincérité, le Bordelais a expliqué le cheminement entrepris, notamment grâce à l’accompagnement d’une psychologue, afin de lever les freins inconscients qui l’empêchaient d’exprimer tout son potentiel après son retour à la compétition.
“Déjà, on a essayé de revoir cette scène pour l’accepter et l’oublier. Sur le coup, je ne pensais pas que ça m’avait autant marqué. J’en ai pris conscience ensuite. J’en ai parlé avec la psychologue. En fait, c’est presque l’équivalent d’un accident de voiture d’où l’on sort avec des séquelles et parfois la peur de reprendre le volant. Je n’avais absolument pas peur de revenir sur un terrain mais quelque chose était bloqué dans mon cerveau. Mon corps se mettait sa propre limite pour ne plus revivre un truc comme ça”.
Au-delà du travail mental, Nicolas Depoortere est également revenu sur les sensations particulièrement violentes ressenties au moment de la blessure, un souvenir encore très vif. Il raconte avec précision et une pointe d’humour les minutes qui ont suivi le choc, entre inquiétude, douleur intense et prise en charge médicale rapide, avant une opération devenue inévitable.
“J’étais au sol, complètement sonné. J’ai eu peur, d’abord pour mes dents et j’ai senti du sang dans la bouche. Le docteur est vite arrivé, il les a regardées et m’a dit que ce n’était rien. Puis la douleur au niveau du visage a pris le dessus. Une énorme douleur. À ce moment-là, ça lance, ça pique, ça brûle. C’est affreux. Je me suis dit : ‘Là, c’est tout pété’. (Il se marre) J’ai pris un autobus. Ils m’ont évacué sur un brancard après avoir examiné les cervicales puis je suis allé passer des examens à l’hôpital derrière le stade. Le visage a commencé à gonfler, gonfler… Le premier soir, ça allait. Le lendemain, je n’étais plus le même. Le côté droit avait triplé. J’étais méconnaissable. C’était abusé ! (Il se marre) Jusqu’à l’opération, la douleur était affreuse”.

