David Gérard : “À Bègles, j’arrivais dans un club où presque personne ne me parlait. Certains ne me disaient pas bonjour”

Interrogé par Var Matin, l’ancien deuxième ligne du CABBG, David Gérard, est revenu avec émotion et sincérité sur les circonstances qui ont entouré son départ de Toulon pour rejoindre Bègles, alors qu’il n’était encore qu’un très jeune joueur. Un choix déterminant dans sa carrière, intervenu à un moment charnière, marqué par une rencontre sportive fondatrice et une décision prise presque instinctivement, au terme d’un parcours déjà riche en intensité :
“Toutes les planètes étaient alignées pour que j’aille à Toulouse. Mais, avec les jeunes du RCT, on fait la demi-finale du championnat Reichel. Et on prend Bègles-Bordeaux, qui était invaincu et avait la plus grosse équipe de la compétition. Sauf qu’on réalise un match dantesque. Avec la finale du Top 16, c’est sûrement le match dont je me souviendrai le plus durant toute ma vie. C’était l’archétype du courage. On avait défendu comme des chiens de la casse. Pour vous dire, on avait tous fini en larmes. L’entraîneur de Bègles était là. Le club m’a contacté et il y a eu un flash entre nous”.
L’ancien joueur est également revenu sur les conséquences personnelles et humaines de ce départ précoce, vécu comme un véritable bouleversement. Loin de ses repères et projeté très tôt dans le monde des adultes, David Gérard a dû apprendre à grandir vite, parfois trop vite, dans un environnement qui ne lui était pas toujours favorable :
“J’ai déjà appris à cuisiner et à faire un lit. Tout ça, c’était l’inconnu pour moi. J’ai dû grandir très vite, parce que je ne savais rien faire. Je me suis aperçu que j’étais un gamin. Sur les trois premiers mois, j’ai fait comme une dépression. Parce que j’étais seul et que, tous les soirs, je regardais la cassette de la finale Reichel qu’on venait de remporter avec Toulon. À Bègles, j’arrivais dans un club où presque personne ne me parlait. Certains ne me disaient pas bonjour. Parce que j’étais un Toulonnais, parce que j’étais un gamin, parce que je ne les intéressais pas. J’étais avec des papas qui avaient le double de mon âge. Et ces mecs-là, je n’étais rien pour eux. On me voyait juste comme un concurrent, alors que j’étais un jeune”.

