Laurent Marti : “On doit pouvoir faire vivre tous nos clubs en économie réelle”
Invité de l’émission, Les Vraies Voix du Rugby, sur les ondes de Sud Radio, le président de l’Union Bordeaux-Bègles, Laurent Marti, est revenu sur les difficultés économiques de certaines fédérations et clubs, y compris en Top 14 :
“C’est triste et inquiétant ce qu’il se passe un peu partout. Déjà que sur le plan planétaire, le rugby n’est pas joué dans beaucoup de pays, c’est sûr que si en plus des pays historiques se mettent à souffrir, perdent leurs clubs petit à petit et voient leurs joueurs partir vers d’autres cieux, je crois que ce n’est pas bon pour notre rugby en général. Le paradoxe du rugby français, c’est qu’il a un déficit global qui est très important, qui est de 80 millions d’euros, mais à côté de ça, on a presque la moitié des clubs, qui sont à l’équilibre ou bénéficiaires. Les quatre clubs bénéficiaires aujourd’hui sont Bordeaux, Toulouse, La Rochelle et Bayonne. On peut se rendre compte que ces quatre clubs sont sur une économie réelle, travaillent sur leurs territoires, sur la formation, avec leurs partenaires, leur public, c’est peut-être plus facile qu’à Paris. Paradoxalement, je n’ai jamais compris qu’à Paris, tous les clubs, les présidents qui se sont succédés et qui ont maintenu les clubs à haut niveau, il faut les remercier, ont eu du mal à fidéliser un public. Est-ce que c’est l’effet province ? Est-ce qu’il y a un sentiment d’appartenance qui fait que c’est plus facile de faire venir les gens dans ton stade et ton club ? Mais on voit que l’on a la capacité à encore se développer sur le plan économique. Je ne suis pas certain que l’on ait une bulle spéculative. On a une bulle spéculative sur quelques clubs, mais presque la moitié des clubs à l’équilibre ou bénéficiaire, ça prouve quand même qu’avec ce salary cap, que l’on ne doit pas augmenter, mais que l’on doit peut-être réorienter, on doit pouvoir faire vivre tous nos clubs en économie réelle”.
Il s’est aussi confié sur la question de la participation des joueurs premium à la tournée à venir en Nouvelle-Zélande cet été :
“C’est un sujet hyper délicat parce que les clubs font déjà beaucoup pour l’équipe de France. C’est normal parce que l’équipe de France, c’est notre vitrine. Mais il ne faut pas oublier que c’est parce que l’on a un Top 14 et une Pro D2 qui sont fortes, que l’on a su faire venir et former de mieux en mieux des jeunes joueurs de qualité, qui sont la génération qui brille en équipe de France aujourd’hui. Il y a un équilibre à trouver. Il y a une règle qui était établie, qui voulait que les finalistes ne devaient pas partir en tournée. On voit bien que parce que c’est la Nouvelle-Zélande, certains joueurs internationaux commencent à lever le doigt en disant qu’ils aimeraient bien aller y jouer. Il y a une réflexion actuellement pour ne pas être bêtes et disciplinés et dire que les finalistes ne partiront pas parce que c’est la règle, mais essayer de trouver un consensus en disant que si un joueur veut absolument y aller, qu’il n’a pas eu un temps de jeu extrême, peut-être nous sortirons de la règle pour leur permettre d’y aller”.