Adams et le racisme dans son pays

 Hheini Adams

 

« J’ai 34 ans, il a fallu que je vienne en France pour qu’on reconnaissance mes qualités de joueur ». Cette phrase d’Heini Adams résume tous les propos qui vont suivre. Notre joueur estime avoir participé en 2007 au titre de Champion du Super Rugby avec les Bulls. Il raconte notamment le parcours de son équipe… « En quarts, face aux australiens des Reds, le coach m’avait mis titulaire. Tactiquement, il lui fallait développer un jeu assez vif et rapide. On a battu les Reds, à Pretoria. Fourie du Preez était blessé, alors j’ai encore été titulaire en demi-finales face aux Crusaders de Richie McCaw. On l’a emporté facilement. Mais voilà qu’au moment de la finale, il titularise Du Preez. Sans aucune explication […] On a gagné cette finale mais ça n’a pas suffi à me faire gagner leur respect… Ça fait mal ».

 

Plus qu’une simple préférence, ou qu’une différence de niveau avec Fourie du Preez, c’est le racisme qui en ressort. Heini pensait d’ailleurs qu’en 2010, lors du départ de son coéquipier, qu’il aurait enfin sa chance en tant que titulaire. « J’avais patienté pendant six ans sur le banc. Je m’attendais à ce qu’on me fasse jouer […] Là c’était trop. J’ai décidé de partir pour la France. J’adorais mon équipe. Les Bulls étaient mon sang. Depuis toujours. Mais la manière dont j’ai été traité n’était pas bonne. Même au niveau des salaires, la différence entre Noirs et Blancs était sans commune mesure. Malgré mon expérience, j’ai vu arriver de jeunes Blancs, novices, qui étaient mieux payés que moi ». Et il n’en démord pas. « Je méritais de jouer ! Ils disaient de Fourie qu’il était meilleur que moi. C’est un super joueur, c’est vrai. Mais j’aurais aimé le même traitement ».

 

Malheureusement, ce n’est pas les politiques qui changeront les pensées noires des gens. « Ce n’est pas une loi qui change les mentalités. Si ça ne vient pas du cœur, elles resteront fermées ».

 

 L’Equipe Mag