Beauxis : « Ici, je revis, j’ai retrouvé une famille »
Lionel Beauxis nous a tout de suite plu, bien avant que cette histoire ne commence vraiment. Certainement parce qu’on déteste lorsque le ‘tout public’ s’acharne sur une personne, la prenant pour sa tête de turc. Surement aussi pour son passé glorieux et parce qu’à Bordeaux, on aime le challenge et les défis. Ainsi, Lionel arrivait malgré tout en position d’outsider à Bordeaux, derrière l’intraitable Pierre Bernard au poste d’ouvreur. Véritable joker de luxe, il répondit présent à chaque fois que l’on fit appel à lui, saisissant sa chance dans un climat familial qui lui correspond. Décisif, profitant même de la baisse de régime de « Peyo », Raphaël Ibañez n’aura pas eu besoin de « le bouger » comme il le craignait en début de saison. Au contraire, il vit un joueur libéré, collant à merveille au jeu comme en témoignent cette chistera face à Castres ou ses coups de pieds décisifs. S’épanouissant parfaitement à Bordeaux, il fit partie de cette vague de prolongations s’inscrivant dans le projet de l’UBB. Un projet qui sera aussi personnel puisque ‘La Box’ sera papa dans les prochains mois. Interview.
« Raphaël Ibañez disait en début de saison que ta venue était un pari. Alors, pari réussi ?
(Rires) Ce n’était pas un pari pour moi, mais en tout cas c’était un nouveau challenge et oui, pour l’instant, ça fonctionne plutôt bien. Pourvu que ça dure.
En tout cas tu as rapidement prolongé donc c’est que le staff, le club et son Président, comptent sur toi pour l’avenir. La décision a été rapide à prendre ?
Oui, ça a été très très rapide. Depuis le début de la saison, je me sens très bien ici, je « revis ». L’ambiance au sein du club et même du groupe, tout cela a fait qu’il n’y avait pas de raisons de ne pas prolonger ici.
On a quelques photos de toi avec quelques kilos en plus en début de saison, et souffrant physiquement au niveau des tests… Combien de kilos as-tu perdu et penses-tu que cela a également un rapport avec ton bon rendement depuis le début de saison ?
Oui. J’ai perdu cinq kilos depuis que je suis arrivé ici. La prépa’ m’a fait du bien, mais bon j’étais prévenu et je savais quand même que c’était assez difficile. Mais bien sûr que ça m’a fait du bien, rien que pour mes déplacements. C’est vrai qu’ici ça joue beaucoup, c’est un jeu avec beaucoup de mouvement donc il faut être en condition. Donc ces cinq kilos en moins m’ont fait beaucoup de bien.
Tu es un joueur qui fonctionne à l’affectif. Est-ce réellement ça qui a fait la différence depuis que tu es arrivé à Bordeaux ? N’était-ce pas ou plus le cas à Toulouse ?
C’est différent, c’est un mode de management différent. C’est vrai qu’ici à Bordeaux, j’ai retrouvé cet affectif, mais aussi tout s’est bien chamboulé, la prépa’, je n’ai pas eu de blessures donc j’ai pu bien tout enchaîner. Je me suis senti très bien dès le début. Dès le premier jour où j’ai mis les pieds ici, je me suis senti comme chez moi.
On t’a vu beaucoup critiqué dans les médias ou les réseaux sociaux. Certains t’enterraient un peu même, sur la fin de ton aventure toulousaine. Est-ce que cette saison est une forme de revanche ?
Oui, beaucoup même (rires). Mais non je n’ai aucune revanche à prendre par rapport à toutes les personnes qui m’ont critiqué. Moi je n’ai pas perdu confiance en moi même si voilà, j’ai vécu des moments difficiles. J’ai eu des très hauts, des très bas aussi. Non, je ne vais pas dire que je ne fais pas attention à tout ça, je pense que beaucoup se sont lâchés sur moi parfois, et souvent d’ailleurs, gratuitement, mais la meilleure des réponses c’est le terrain. Cela dit je n’ai aucune revanche à prendre par rapport à ça, j’ai fait mon petit bonhomme de chemin. J’ai retrouvé ici une famille, où je me sens bien et voilà je bosse pour moi et pour l’équipe.
Peu importe la concurrence, vous êtres très proches entre vous, les joueurs. Comment vit Pierre Bernard cette période difficile, et comment entraidez-vous à vous surpasser ?
C’est un peu ce qui fait la force de cette équipe, c’est qu’on est tous soudés, on est tous ensemble. Et quand l’un ou l’autre est un peu moins bien, on est tous à côté de lui pour l’aider à retrouver la confiance qu’il a pu perdre. Voilà c’est sûr que Peyo est peut-être moins bien, mais je suis persuadé qu’il va retrouver très très vite la confiance qu’il avait, pour nous apporter comme il nous a apporté depuis le début de saison.
D’ailleurs y a-t-il une réelle hiérarchie au poste de numéro 10 entre vous deux ?
Au début de saison c’était assez logique que Pierre soit numéro 1, car moi je venais d’arriver et Pierre était déjà là l’année dernière et il sortait d’une très grosse saison donc ils ont voulu bosser sur la continuité. Après, non pour la hiérarchie, je pense que chacun a sa chance. On essaye de faire des groupes de deux matchs où on alternait. Après cette question-là, il faut surtout la poser aux entraîneurs (sourire).
Ce week-end, malgré un terrain et des conditions climatiques qui ne favorisaient pas vraiment la création de jeu, vous êtes allés chercher le bonus offensif contre les London Welsh. Comment as-tu vécu ce match et qu’en as-tu pensé ?
Ouf, oui en effet c’était très difficile (sourire). Les conditions étaient très, très difficiles. Le principal, c’était de gagner et en plus avec un bonus offensif, donc voilà le contrat a été rempli. Mais après sur le contenu du match, c’est difficile d’en retirer beaucoup de choses parce que entre le terrain, le ballon glissant… Bon, malgré tout on a su avoir ce bonus, marquer quand il fallait dans ce match et c’est le principal.
Cette victoire vous offre la perspective d’une « finale » du groupe à disputer cette semaine à Édimbourg. Comment envisages-tu ce match ? Penses-tu que les chances de qualification sont réelles ?
Oui les chances de qualification sont réelles. Ils sont venus nous battre ici de très peu, donc voilà ça va être la « petite finale de groupe ». A nous de mettre toutes les chances, tous les moyens de notre côté pour remporter ce match.
Il parait que vous débriefez vos matches avec Marie-Alice afin de continuer à progresser. Te souviens-tu d’un après match où ça a chauffé pour toi tout particulièrement ?
Oh, souvent ça chauffe (rires). Ça chauffe souvent, mais c’est plus constructif qu’autre chose. Après c’est sûr qu’à la maison il y a les debriefs d’après match mais on essaie surtout de se recentrer, et de pas trop parler rugby.
Toi qui a déjà connu des phases finales, est-ce que tu sens que ce groupe a le potentiel pour les atteindre cette saison ?
Oui bien sûr. Je crois que le groupe de l’UBB chaque saison grandit de plus en plus. Et cette année, en tout cas pour l’instant, on est bien placé. Donc voilà la saison est encore longue, à nous de continuer comme ça et de surtout pas se relâcher. Mais c’est sûr que l’UBB, je pense, peut faire partie des six premiers. Ne nous emballons pas non plus, il faut jouer les matchs.
Penses-tu que tes bonnes performances avec l’UBB pourraient te reconduire en Équipe de France ? Est-ce toujours un objectif ou penses-tu que ta chance est passée ?
Pour moi ça a toujours été un objectif personnel, après je me dis que ça passerait par faire de bon matchs en club, mais après je ne sais pas, il faudrait poser ses questions-là aux entraineurs de l’Équipe de France (sourire). En tout cas, moi, je n’ai pas mis de croix sur l’Équipe de France.
Malgré la cinquième place de l’UBB au classement, un seul joueur a été appelé pour le tournoi (Sofiane Guitoune). Penses-tu que c’est peu et que d’autres joueurs auraient mérité leur chance ?
Oui, je crois que quand on est classé 5ème, peut-être plus de joueurs méritent leur chance. Après l’UBB a des jeunes joueurs, c’est une équipe très jeune donc nul doute que dans les années futures il y en aura surement d’autres.
Le recrutement annoncé par le président pour la saison prochaine semble prometteur. Avec quelques grands noms comme Ashley-Cooper. Qu’en penses-tu ? As-tu hâte de jouer avec ces joueurs ?
Bien sûr, il suffit de regarder leur nombre de sélections avec leur équipe nationale. D’avoir des grands noms comme ça qui viennent jouer à Bordeaux, oui, ça donne envie. Donc pourquoi pas cette année finir dans les six premiers pour jouer une Champions Cup la saison prochaine ? Avoir des joueurs de cette dimension qui arrivent, c’est sûr que ça va apporter encore plus de par leur expérience du haut niveau et leur maturité.
On t’a aperçu à certains matchs de l’équipe Espoir. Cette équipe a de très bons résultats cette saison. Qu’en penses-tu ? Est-ce que certains joueurs en particulier t’ont marqué ?
Il y en a beaucoup, dont certains ont déjà été invités, enfin intégrés plutôt à l’effectif pro’ pour jouer cette coupe d’Europe. Donc oui il y a de gros potentiels, c’est une belle équipe, même si les peu de matchs où j’ai été les voir, les conditions n’étaient pas non plus au top. On sent qu’il y a beaucoup de potentiel avec beaucoup de jeunes qui seront amenés sans doute à jouer en équipe première dans les années à venir.
On a appris récemment que tu allais bientôt devenir père. Comment vis-tu cette approche de la paternité ?
Eh bien moi très bien. Je suis le plus heureux (sourire). Après j’en profite tant que le petit n’est pas encore là. Ça va être un chamboulement un peu dans la vie parce qu’on aura d’autres responsabilités. Voilà pour l’instant on est plus dans l’achat de tout le matériel qu’il faudra pour l’accueillir ».
Un grand merci à Lionel pour le temps accordé. Une chose est sure, il ne nous a pas déçus, colle à la perfection à notre club et nous sommes ravis qu’il s’épanouisse parmi nous. Nous en profitons également pour saluer Marie-Alice en la félicitant – ainsi que Lionel bien sur – une nouvelle fois pour l’échéance à venir. Beaucoup de bonheur, soyez heureux, et restez comme vous êtes ! 😉