[AE] Sonnes : “On ne se soucie pas des entraîneurs qu’on ne peut pas mettre au repos”

    Régis Sonnes

     

    Puisqu’il en a été victime à la fin de sa période à l’UBB, Régis Sonnes, notre ancien entraîneur des avants, veut sensibiliser sur le sujet du surmenage des entraîneurs : “Le sujet est important parce qu’il faut s’en soucier vraiment. Il y a quatre ans, quand le syndicat était venu se présenter au club, j’avais déjà évoqué cette problématique. Des mesures ont été prises pour la protection des joueurs mais on ne se soucie pas des entraîneurs qu’on ne peut pas mettre au repos. Ils enchaînent, c’est permanent […] Après c’est une question de priorité. Pour moi, le stress n’est pas le bon mot. Le stress c’est négatif. Il s’agit de la pression, de l’envie de réussir parce que nous sommes compétiteurs, et surtout, donner le meilleur de soi pour les joueurs et pour le club par rapport aux responsabilités qu’on t’a données et à la confiance qu’on t’a accordé. Ma pression, c’est y arriver, gagner et offrir le meilleur pour que tout le monde s’éclate et qu’on atteigne les objectifs. Et cela c’est toutes les semaines. Suivant comment tu abordes ta propre mission, ça peut être plus ou moins facile. Mon jour le plus long, c’était le dimanche avec l’analyse de la veille et la préparation de la semaine. Et ce jour-là, ce qui me posait problème c’est que j’avais pour priorité de protéger ma famille. Or tu te retrouves chez toi le dimanche, enfermé dans le bureau et les enfants et l’épouse sont là à côté. C’était très pesant pour moi. Ce sentiment que la famille est là sans pouvoir en profiter. J’ai envie d’en parler parce que c’est important dans notre sphère mais je tiens à relativiser par rapport à des gens qui sont autrement dans la difficulté […] J’en ai parlé à mon épouse qui ne comprenait pas toujours mon comportement à la maison et il est difficile d’en expliquer les raisons. Ce n’est pas que le job, c’est tout le contexte autour. J’ai subi de grosses pertes d’énergie. J’en ai parlé aux syndicats pour qu’ils s’intéressent à l’aspect psychologique. Sans parler de l’incertitude qui plane sur l’avenir d’un entraîneur ».

     

    Pour lui pour y remédier, il faudrait « qu’il n’y ait pas de championnat de onze mois. Juste ça. Que le soir du 23 décembre il n’y ait pas un match et qu’on ne bataille pas pour jouer l’après-midi du 24. Après c’est un enchaînement. Pensons aux entraîneurs. Je travaille beaucoup en Irlande mais le soir je suis vraiment chez moi et les jours de repos sont de vrais jours de repos. Dans le milieu professionnel, on est jugé en permanence, pourquoi tu gagnes pourquoi tu perds, et tu dois sans cesse contrôler ton image tous azimuts. Je ne vis pas ces lourdes contraintes en Irlande. Je reprends du plaisir ».

     

    Source : Midi Olympique