Rory Teague : “J’aime le rugby en France : tradition, hommes du cru, étranger, ambitions et valeurs”
Rory Teague, le manager de l’Union Bordeaux-Bègles, parle de sa relation avec la France
“J’ai connu des débuts difficiles avec la France même si au final, j’y ai plus joué qu’en Angleterre. A 22 ans, je débarque tout seul à Limoges, je ne parle pas un mot de français, il n’y a pas beaucoup d’anglophones dans l’équipe, j’ai un appartement et une voiture pourris, je n’arrive pas à dormir. Mais on peut dire je suis devenu un homme grâce à cette période. Il s’agit d’ailleurs de la plus grande expérience de ma vie car elle a fait de moi ce que je suis devenu en terme d’état d’esprit. Avant cela, à Gloucester, j’avais une voie tracée, une sorte de confort rugbystique. A Limoges, j’ai été obligé de sortir de ma zone de confort et j’ai adoré ça ! J’ai adoré apprendre la langue, les coutumes, l’ambiance différente qu’il y a autour du rugby. En Angleterre, depuis longtemps, tout est très structuré, voire professionnel. En France, cela relève davantage de la tradition. Un exemple, j’adore aller jouer à Castres avec l’esprit club, voire village, les supporters tout près de la main courante, qui vous chambrent parfois et vous mettent la pression. J’aime le rugby en France. C’est un mélange qui me correspond. Entre tradition, hommes du cru, étranger, ambitions et valeurs. D’ailleurs, les étrangers font partie de votre ADN. Vous êtes accueillants. C’est pour ça qu’en tant qu’individu et en tant que manager, j’apprécie quand les étrangers font l’effort d’apprendre la langue et quand les Français vont aussi vers eux pour les aider”.
Mais est-ce difficile d’être un “Rosbeef chez les Froggies” ? “Je pense également que les étrangers qui viennent en France doivent faire des efforts. Que ce soit pour comprendre où l’on vit et avec qui l’on vit. Mais aussi pour gagner une forme de respect. Les étrangers de passage ne doivent pas uniquement être des profiteurs fermés sur eux-mêmes. Le sens de l’humour aussi est différent. Après toutes ces années passées en France, je ne comprends toujours pas les blagues de Loïc, notre kiné à l’UBB. Nous Anglais avons peut-être moins de filtres avec ce sujet. Après en rugby, c’est autre chose. La rivalité est forte. Il parait que les Anglais sont arrogants, dites-vous. D’ailleurs, vous savez, le fameux « Good game » est mal compris. Peut-être qu’un ou deux joueurs l’ont un jour sorti de son contexte ou qu’il a été mal perçu mais à la base de notre sport, c’est avant tout une marque de respect”.
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