[Interview] Cobilas : « Le rugby à Bordeaux a une place très spéciale »

C’est au début du mois de janvier 2016 que l’on apprit l’arrivée de Vadim Cobilas, pilier droit international moldave de 33 ans. Il évoluait alors avec le club de Sale en Pemiership et fut d’ailleurs le premier joueur de sa nationalité à évoluer dans ce championnat. Numériquement, il vint compenser le départ de Francisco Gomez Kodela, parti à Lyon. Mais avant d’arriver en Angleterre, il eut un parcours assez atypique en évoluant pour le club russe du VVA Podmoskovye, basé à Monino, qui évolue dans la Russian Professional Rugby League.

Pour Rugby-Scapulaire, Vadim accepta de traiter de divers sujets comme ses expériences passées, le rugby de son pays d’origine, son adaptation à l’UBB et bien sûr son début de saison avec le club au scapulaire. Interview.

 
Tu arrives de Sale où tu as joué pendant cinq saisons. On compare souvent le Top 14 et la Premiership, les deux gros championnats européens. Quelles différences as-tu pu noter ?

C’est une question difficile. En général, je ne cherche pas à comparer ces deux championnats, mon but principal est d’acquérir de l’expérience et de développer de nouvelles compétences. Les deux championnats sont très forts avec un panel de très bons joueurs, mais aussi d’entraîneurs. Je pense que je suis un joueur chanceux parce que j’ai pu évoluer dans ces deux championnats, et surtout apprendre de chaque match.

 

A ton poste, as-tu noté des différences dans l’approche plus spécifique de la mêlée par rapport à l’Angleterre par exemple ?

En tant que pilier, j’essaye de me concentrer sur l’aspect technique, de communiquer avec mon équipe et d’être à l’écoute de l’entraîneur. Cette approche m’a particulièrement aidé à être efficace en Premiership. J’espère que cette tactique sera utile pour le Top 14.

 

En six matchs, tu as été cinq fois titulaire et une fois remplaçant. T’attendais-tu à te faire une place si rapidement dans l’équipe ?

Le Top 14 est un nouveau challenge pour moi. Mon but principal est de m’intégrer au mieux dans ma nouvelle équipe afin d’aider le club à réaliser ses objectifs. J’ai trouvé que tous les entraînements étaient très interactifs, avec des joueurs très sympathiques et l’encadrement de l’équipe est orienté vers les résultats. J’aborde tous les matches de manière responsable, et je suis très heureux de jouer pour l’UBB, de faire partie de l’aventure victorieuse de cette équipe.

 

(Photo GEORGES GOBET/AFP/Getty Images)
(Photo GEORGES GOBET/AFP/Getty Images)

 

Tu as 33 ans et tu as été élu « meilleur pilier droit » de Premiership la saison dernière. Ton expérience est-elle un atout ?

En Premiership, il y a beaucoup de bons joueurs, je suis heureux d’avoir reçu cette distinction mais il y a toujours de la place pour des améliorations. J’analyse tous mes matches et j’essaye d’apprendre de mes erreurs, afin de m’améliorer à chaque fois pour le prochain.

 

Comment abordes-tu la concurrence avec les autres piliers droits de l’effectif (Marc Clerc, Jean-Baptiste Poux, Xerom Civil) ?

En fait, je ne définis pas les joueurs de notre équipe comme des ‘concurrents’. Nous avons tous un but commun, nous sommes tous ici pour atteindre les objectifs du club. Notre but commun est de jouer de bons matches pour être sûrs que les supporters soient satisfaits de nos performances.

 

Tu as vécu plusieurs années en Angleterre, as-tu encore besoin d’un temps d’adaptation ? La vie est-elle réellement différente à Bordeaux par rapport à Manchester ?

Dans le rugby, tout le monde parle la même langue et partage les mêmes traditions. C’est un sport qui vous aide à vous sentir bien, tout en faisant partie d’une grande famille. Le rugby à Bordeaux a une place très spéciale, les gens aiment ce sport et assistent à toutes les rencontres avec beaucoup d’enthousiasme. En outre, Bordeaux est une très belle ville, le vin est incroyable, la nourriture est délicieuse, Arcachon et le Cap Ferret sont des endroits magnifiques, et Saint-Emilion est fantastique. Je n’ai que des superlatifs pour décrire cette ville.

 

Vadim Cobilas

 

Quel est actuellement ton niveau en Français ?

Le Français est une très belle langue, mais avec une grammaire très difficile. Sincèrement, j’ai commencé les cours de français à Bordeaux. Cette ville est très cosmopolite, il y a beaucoup de touristes, les gens parlent anglais et c’est assez facile de communiquer. Quoi qu’il en soit, je le promets, je vais faire un effort pour parler un bon français (sourire).

 

Tu semblais avoir une relation très spéciale avec les supporters de Sale, qui ont eu l’air d’être très attristés par ton départ. Comment as-tu vécu celui-ci ?

Pour moi, le rugby n’est pas seulement un sport, c’est un mode de vie, et les supporters jouent un rôle important dans mon parcours. Je suis très reconnaissant de tout le soutien que j’ai pu recevoir des supporters de Sale. Je m’y suis fait beaucoup d’amis, et nul doute que je vais élargir mes contacts avec mon nouveau club. J’ai vu des fans de l’UBB extraordinaires, l’atmosphère qui règne pendant les rencontres est incroyable. Je tiens d’ailleurs à remercier tout le monde pour cet accueil.

 

Quelle image avais-tu de l’UBB avant de signer, connaissais tu déjà le club ?

Vous savez, le rugby est une grande famille et j’ai beaucoup d’amis dans différents clubs. J’aime aussi regarder différents matches de divers championnats, et je surveille les performances des clubs. L’UBB est un club très bien connu, je savais que Bordeaux avait la meilleure affluence à l’échelle européenne. Je me sens chanceux aujourd’hui de faire partie de cette équipe.

 

Vadim Cobilas

 

Comment se sont faits les contacts avec le président Laurent Marti. A quand cela remonte-t-il ?

Mon premier échange avec Laurent Marti est, en fait, lié avec mon contrat. Nous avons eu une discussion très constructive sur les objectifs de l’UBB, mais aussi sur la manière dont je pouvais contribuer à ce club, ce que je pouvais apporter. Merci à lui, j’ai vraiment eu un très bon accueil dès mon arrivée ici.

 

A l’UBB, il y a un mélange de piliers expérimentés (toi, Marc Clerc, Jean-Baptiste Poux) et de piliers jeunes et prometteurs (Xerom Civil, Sébastien Taofifenua, Jefferson Poirot, Steven Kitshoff). Même si les postes de piliers droits et gauches sont différents, quels conseils peux-tu leur apporter au quotidien pour qu’ils se perfectionnent, de par ton expérience ?

Tous les joueurs de l’UBB sont très bons. Ils ont eu une bonne préparation et ont donc ainsi les capacités physiques, et de bonnes compétences. Nous travaillons en étroite collaboration, en équipe, en essayant de communiquer lors des entrainements et des matches de manière efficace. Avec notre staff, nous essayons d’identifier nos points faibles afin d’être meilleur au match suivant. Mon conseil pour les nouveaux joueurs est de travailler très dur, de se former, se concentrer sur l’aspect tactique, écouter toutes les consignes des entraîneurs, être motivés, proactifs, responsables, et c’est ainsi que l’on apprendra de chaque expérience.

 

L’on veut que pour tout arrivant, il y ait un bizutage. Quel a été le tien ?

Effectivement, j’ai eu le droit à mon bizutage (sourire), mais je ne veux pas trop donner de détails… Ça a eu lieu lors d’un regroupement organisé par l’équipe à Saint Sébastien, avec plein d’autres activités… Ce que je peux dire, c’est qu’après ce moment, mon français a commencé à s’améliorer (rires).

 

Vadim Cobilas

 

On parle très peu du rugby moldave. Mais l’année dernière vous avez lutté, jusqu’au dernier moment avec la Belgique, pour monter dans le tournoi des 6 Nations B. Malheureusement la Belgique l’a emporté dans le match décisif. Que peux-tu nous dire sur la place du rugby chez toi ?

Lors des deux dernières années, le rugby a commencé à devenir de plus en plus populaire en Moldavie. Etape par étape, ce sport commence à avoir des soutiens du gouvernement et de divers investisseurs. Il y a besoin de temps, d’y croire, d’avoir la motivation pour obtenir des résultats au niveau international. Les résultats antérieurs n’ont pas été très bons, mais je pense qu’assurément, dans un futur proche, les résultats seront de plus en plus visibles.

 

A Sale, tu as joué avec ton frère. Est-ce un atout de jouer avec un membre de sa famille ?

C’est toujours bon d’avoir un membre de sa famille à ses côtés. Une personne de sa famille peut être un très bon critique, objectif, en montrant les erreurs pour qu’on les améliore. Mon frère, Maxim, est un pilier gauche, il joue à Mâcon, en Fédérale 1. Cette fois, c’est assez loin, mais grâce à internet la distance n’est pas un problème.

 

Un très grand merci à Vadim pour le temps qu’il nous a accordé. Nous lui souhaitons de poursuivre son excellent début de saison, grâce à un temps d’adaptation record. A très bientôt ! 🙂