Aurélien Cologni : “L’intérêt, c’est d’accepter cette domination. Parce que physiologiquement, le rapport est perdu d’avance”

Interrogé dans les colonnes de L’Équipe, notre entraîneur de l’attitude au contact, Aurélien Cologni, s’est longuement exprimé sur l’un des défis les plus redoutés du rugby mondial : réussir à plaquer le trois-quarts centre fidjien Josua Tuisova. Fort de son expérience d’ancien international de rugby à XIII et de spécialiste du duel physique, Aurélien Cologni a détaillé ce qui fait de Josua Tuisova un joueur si difficile à contenir, tant par sa puissance hors norme que par son explosivité sur les premiers appuis :
« C’est assez compliqué. Il a cette force, cette puissance, qui fait que tu appréhendes quand tu es son vis-à-vis […] C’est un challenge intéressant pour chaque défenseur de se mesurer à ce joueur, avec son profil. C’est une compétition avec toi-même et un contrat au long cours que tu passes, parce que ces joueurs te mettent à l’épreuve en permanence. Ce ne sera pas l’affaire de quelques minutes (sourire) ».
L’ancien sélectionneur du XIII de France a également détaillé les clés techniques qui, selon lui, permettent de maximiser les chances de freiner un joueur aussi dévastateur. Il rappelle que neutraliser Josua Tuisova ne repose pas uniquement sur la force pure, mais sur l’anticipation, la coordination défensive et l’acceptation d’un rapport de force souvent défavorable :
« Il faut lui enlever le plus de mètres possibles pour qu’il ne puisse pas prendre de vitesse. La clé, avant même le contact, c’est des montées rapides […] D’abord, si tu accélères trop juste avant le plaquage, avec un step, il peut réaccélérer et te mettre dans le vent. Ensuite, une montée rapide peut entraîner une cassure dans la ligne défensive. Et c’est là qu’il rentre. Pour les Fidjiens, le moindre espace est une bouffée d’oxygène. C’est ce qu’ils recherchent […] La meilleure façon de le stopper, c’est surtout d’être à deux. Il faut un joueur qui impacte au bassin, côté ouvert, c’est-à-dire là où il ne porte pas le ballon. Et un autre qui s’occupe du haut du corps, au ballon […] Il faut simplement accepter que tu ne gagnes pas le contact, tu vas le perdre mais tu vas l’entraver. L’intérêt, c’est d’accepter cette domination. Parce que physiologiquement, le rapport est perdu d’avance […] Il faut absorber le contact. Comme une carrosserie de voiture lors d’un choc frontal ».

