Christophe Urios : “Je savais bien que 80% des gens ont dit que l’on allait se faire chier avec Christophe Urios à Bordeaux”

Invité du podcast de RugbyMercato, La Cravate, notre manager, Christophe Urios, est revenu sur l’adaptation dont il a su faire preuve pour mettre en place un jeu différent de ce qu’il avait pu proposer jusqu’à maintenant et propre à l’UBB : « Pour moi c’est l’essence même d’un entraîneur. C’est tellement facile de dire : ‘J’ai ma méthode et quoi qu’il se passe on fera comme ça’. Ça peut marcher, mais parfois ça ne marche pas et tu prends des grosses claques. L’idée c’est de dire qu’il y a d’abord un territoire. Quand tu entraînes à Oyo, tu n’entraînes pas à Bordeaux ou Castres. Il faut le prendre en compte. Moi j’adore quand les gens s’identifient à l’équipe. Pour moi c’est ta réussite quand les gens viennent au stade parce qu’ils trouvent que cette équipe elle donne, parce qu’ils partagent une émotion avec l’équipe. C’est ça qui me parait le plus important. Après le rugby tu en fait ce que tu en veux, mais humainement, dans l’état d’esprit, on doit retrouver ça. C’est la première des choses. Quand j’arrive à Oyo, je cherche de qu’est le point fort d’Oyo et je bâti mon équipe avec ça. Quand j’arrives à Castres, je connais mieux. C’est une ville laborieuse, d’ouvriers, de travail, Il fallait que mon équipe soit comme ça, combattante, embrouilleuse, maligne. J’ai donc construit mon équipe comme ça. Je prends en compte les joueurs et je renforce l’équipe. C’est pour ça que quand je suis parti de Castres, c’était un pied de nez de dire que j’allais aller à Bordeaux. Je savais bien que 80% des gens ont dit que l’on allait se faire chier avec Christophe Urios à Bordeaux, qu’il allait vouloir jouer comme à Castres avec un jeu de pression systématique. Ça me faisait rire, je laissais faire, je ne suis pas trop intervenu, mais au fond de moi je savais que les gens se trompaient complètement. Quand je dis qu’à Bordeaux il faudra que je sois capable de faire gagner l’équipe et de plaire, je lançais déjà une petite direction. En sachant, qu’aujourd’hui je mesure le risque que je prenais en disant ça. Si je ne gagnais pas et que je ne faisais que plaire, on me l’aurait foutu dans la gueule et pareil si je ne fais que gagner et que je ne plais pas. Mais c’était la vérité pour moi. Quand je regardais les forces de cette équipe de Bordeaux, je savais que si on n’était pas capable d’avoir un jeu dynamique, agressif, complet, j’aurais été le roi des cons. Quand tu regardes la ligne de trois-quarts que l’on avait, il faut qu’ils aient des ballons dans de bonnes conditions, que Semi Radradra touche 5 ballons par match, ou par mi-temps, que Santi Cordero touche des ballons, que le petit Jalibert aussi. C’était ça mon leitmotiv. On avait à peu près la même structure de jeu, on s’est adapté, on a mis des priorités un peu différentes, mais après, il fallait y aller. Eux ils étaient d’accord avec ça. Ils voulaient le faire. Nous aussi, donc allons-y ».
