Hugh Chalmers : « Ils auront du mal à se débarrasser de moi »
Sa barbe est devenue légendaire, comme une marque de fabrique. Pourtant, son cœur et ses convictions passent avant tout, comme son rendez-vous avec Movember qui nous fit rappeler que derrière cette barbe touffue, il y avait encore un jeune homme de 29 ans. Car oui, sept ans que Bordeaux voit ce troisième ligne et maître de la touche – un art dans lequel il excelle – sillonner les travées de Moga, connaissant ainsi de grands moments de joie, mais aussi quelques déceptions qui seront peut-être oubliées en fin de saison avec une participation aux phases finales du Top14. De ses débuts étrangers qui l’ont enrichis, à son arrivée en France, en passant par la montée en Top 14 et son rôle au sein du groupe, vous allez découvrir ou redécouvrir un bosseur acharné mais discret, et surtout pas avare en bonnes blagues et attaques bien placées. Un pur bonheur à boire sans modération. Interview.
Tu as quitté très tôt ta Nouvelle-Zélande natale pour l’Angleterre (à 19 ans, ndlr). Pourquoi ce choix ?
J’ai eu l’opportunité de pouvoir faire partie d’une académie en Angleterre (London Irish), ce qui n’était pas le cas en Nouvelle-Zélande. Ça ne s’est pas fait au final mais je ne regrette pas mon choix.
Ton début de parcours rugbystique est difficile. Après 3 mois aux London Irish, tu te retrouves à faire l’animateur pour enfants, puis Montluçon en Fédérale 2. Lorsque tu es reparti en Nouvelle Zélande après cette expérience, l’as-tu pris pour un échec ?
Non pas du tout, la vie est faite d’expériences et il faut rester positif. J’ai rencontré des gens géniaux à Montluçon, l’équipe était super. Ce ne sont que de bons souvenirs.
Lors de ton 2ème séjour en Europe, tu as été
repéré à Bobigny (Fédérale 1) par Laurent Marti grâce à des agents,
puis avec confirmation par des vidéos…
Bobigny était au top cette année-là, je jouais tous les matchs en 8 derrière une mêlée qui avançait tout le temps. Bordeaux n’était pas le seul club intéressé, mais après ma rencontre avec Laurent (Marti), mon choix a été facile.
Au club depuis 2008 tu as vécu « l’aventure UBB » depuis le début. Quel souvenir gardes-tu des années en Pro D2?
C’est un championnat difficile, éprouvant physiquement ; des déplacements pas toujours faciles dans des endroits « hostiles » rugbystiquement. Mais j’ai des souvenirs fantastiques avec des collègues qui sont devenus des amis, et bien sur quelques exploits comme à La Rochelle ou à Agen… Bien sur les phases finales de la montée restent des souvenirs incroyables.
Tu as participé à la montée en Top14, et tu vois
aujourd’hui le club aux portes du Top 6…
Le club n’a fait qu’évoluer positivement depuis le début, pour moi c’est un privilège d’être là depuis le début de l’aventure ; ça me permet de garder les pieds sur terre. L’Union Bordeaux-Bègles, pour moi, c’est l’exemple parfait de la réussite, le vilain petit canard qui se transforme en cygne.
En tant que plus ancien joueur au club (avec Adam
Jaulhac) et anglophone, il semble que tu joues un rôle particulier
dans l’intégration des nouveaux joueurs. Peux-tu nous en dire
plus ?
En tant qu’expatrié, je comprends la situation des étrangers qui arrivent en France donc c’est normal de donner un coup de main. Quand on est si loin de chez soi, on se serre les coudes, on devient automatiquement potes. Mais c’était encore différent dans les années Pro D2, j’étais vraiment un des seuls étrangers, donc je m’occupais beaucoup plus des nouveaux. Maintenant on est plus nombreux, on se partage la tâche.
Après le départ de Justin Purll à Perpignan beaucoup de supporters étaient inquiets pour le devenir de la touche à l’UBB. Mais tu as su largement le remplacer et même lui passer devant au nombre de ballon pris en touche…
Oui, j’ai appris beaucoup de Justin, c’est un super mec ; mais je dois beaucoup à Marc Delpoux et à Régis (Sonnes) qui m’ont fait progresser dans ce secteur.
La prise de ballon en touche semble vraiment être ton point fort. D’ailleurs, tu as reconnu beaucoup étudier les touches adverses en vidéo. Fais-tu un autre travail particulier pour être aussi doué ou est-ce naturel ?
Oui, mais c’est secret ! Mais c’est qui n’en est pas un c’est que travailler dur paye toujours, donc c’est ce que je fais.
En début de saison Canal + avait diffusé une vidéo sur
les coulisses de l’UBB. Sur cette vidéo la caméra pointe une
incompréhension entre toi et Raphaël Ibanez…
Entre mon franglais et l’accent dacquois de Raph (Ibanez), c’est normal qu’il y ait des incompréhensions. Mais ce qui compte c’est de pouvoir en parler et il n’y a pas de soucis de ce côté-là.
A seulement 29 ans tu as déjà joué 164 matchs sous le maillot de l’UBB. Même si ta carrière est loin d’être finie, combien de temps penses-tu encore jouer au rugby ?
Aussi longtemps que possible. C’est ma passion donc aussi longtemps que mon corps me le permettra. D’ici là, la médecine aura surement un remède miracle ! Je suis comme un morpion, ils auront du mal à se débarrasser de moi.
Comment peux-tu décrire la relation que tu as avec
Laurent Marti aujourd’hui ? Y a-t-il une reconversion au sein
du club après ta carrière dans l’air ?
Ce n’est pas un sujet qu’on a abordé avec Laurent (Marti) mais pourquoi pas, peut-être que je pourrais être président, s’il en a marre ! Non sérieusement, c’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. Il a accompli énormément en travaillant dur et grâce à son flair. Il aspire toujours à des projets fous et il y arrive ; ça, ça me parle.
Cet hiver avec les terrains gras, le staff semble miser sur la puissance en associant Matthew et Taiasina à Louis-Benoit en 3e ligne. Du coup tu te retrouves à débuter plus de match sur le banc. Comment vis-tu cette situation ?
C’est le rugby, j’ai eu quelques petites blessures pénibles et il faut faire tourner l’effectif. Et puis ça booste et ça permet de se remettre en question, ce qui est toujours bénéfique.
Cependant pour le match important contre Toulon, le
staff a décidé de te titulariser ainsi que Peter Saili qui n’était
au club que depuis 10 jours…
C’est toujours flatteur d’être titulaire sur des matchs clefs. La confiance est mutuelle. J’ai confiance dans leurs choix, qu’ils m’impliquent, que je joue ou pas et je pense que le staff a confiance en ses joueurs aussi.
Ces prochaines semaines l’UBB a à affronter les
trois premiers du championnat. Que penses-tu de cet enchainement de
matchs ?
C’est un gros bloc, des matchs durs et importants, mais la victoire contre Toulon nous permet un bon départ positif. On en saura plus après les deux prochains matchs.
Au vu du recrutement pour la saison prochaine en 3ème ligne (Braid, Goujon et Saili) et malgré les départs de Tai et Bertrand, la concurrence risque d’être sévère. Cela te fait-il peur ?
Pas autant qu’à eux (rires)… Pour moi, c’est encore une preuve de l’évolution du club, une bonne profondeur de banc et une concurrence positive.
Avec tes compères de la 3ème ligne, vous enchaînez les matchs et vous blessez très rarement. As-tu un secret pour cela ?
On touche du bois et on ne parle jamais de ces choses-là. Next question…
A ce sujet, il y a une rumeur qui est sortie il y a quelques semaines sur le fait que tu pourrais te faire opérer prochainement. Est-ce vrai ? Y a-t-il quelque chose de prévu ?
Non pas du tout, même si je suis un peu déçu que personne n’ai remarqué mon lifting.
Marié à une Française et ayant la double nationalité tu as déclaré que l’Équipe de France est un rêve. Est-ce que ce rêve est toujours accessible ?
Il ne faut jamais dire jamais, surtout pour les rêves.
En avril 2014, tu avais rasé ta barbe et coupé tes longs cheveux pour une bonne cause (la lutte contre le cancer. Tu l’as refait cet automne pour le Movember. Ça n’a pas été trop dur ?
Les cheveux, c’était le plus dur. La barbe ça repousse vite. Mais c’est pour la bonne cause.
La saison dernière tu avais fait une vidéo pour TV7 « L’amour est sur le terrain » où tu cherchais à trouver une partenaire pour Julien Rey et Félix Le Bourhis ? Y-a-t-il d’autres joueurs au club qui auraient besoin de tes conseils dans le domaine ?
Yann Lesgourgues est venu me voir pour quelques conseils beauté. Les autres se débrouillent pas trop mal.
Pour finir un petit questionnaire. Peux-tu nous dire dans l’effectif de l’UBB :
Qui est le plus classe ? Thibault Lacroix
Qui est le plus fashion ? J’hésite entre Ole (Avei) et Fonfon (Alfonse Miralles, le coordinateur sportif) qui ont d’ailleurs des styles similaires…
Qui a la coupe de cheveux la plus dégueulasse ? Sofiane (Guitoune)
Qui se croit drôle mais ne l’est pas ? Moi
Qui a des tocs ? Clément (Maynadier) et son cou
Qui est le papa poule ? Jean-Baptiste Poux, il pourrait être notre père, pour de vrai…
Qui est le plus râleur ? Baptiste Serin, aussi connu sous le nom du Grinch
Qui est le plus coquet ? Jandre (Marais) et son mascara
Qui est le plus bourrin ? Blair (Connor)
Qui a le plus de succès auprès des filles ? Blair (Connor). A croire que ça plait…
Qui a de meilleurs pieds que ses mains ? Après Toulon, moi…
Qui est le plus chambreur ? Julien Le Devedec
Un grand merci à Hugh pour le temps accordé à notre équipe. Nous lui souhaitons une bonne fin de saison avec une place dans le Top 6 au final pour que la mutation en cygne soit parfaite… et espérons qu’il ne se sera pas trop mis ses coéquipiers à dos 😉